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24 novembre 2005
Dominique, malgré tout
Je n'ai jamais été "The show must go on", cette
resucée de "la vie continue" et autres clichés du
genre. (Jamais été vraiment petit soldat du spectacle. Occasion de
rencontres, autour de textes, autour de verres, point c'est tout... Si
j'ai tenu à faire les spectacles d'octobre et novembre, même à deux,
lorsque nous nous pensions cinq, avec la prise de risques du son
maigrelet et de la musique lyophilisée d'un ordinateur asthmatique,
c'était bien pour ça...) Mais "The show must go on
"... Cliché d'autant plus cliché que c'est une des premières choses
qu'on apprend, au premier deuil. Bien sûr, pour moi comme pour beaucoup,
le spectacle s'apparente, malgré tout, à une fête, même
mélancolique, et il me faut l'esprit de fête pour oser monter sur scène.
Je voulais qu'à la dernière de l'Homme ordinaire se rassemblent les
musiciens qui ont gravité autour de ce spectacle. Je n'ai pas eu le
temps de les rassembler cette semaine, frappé par la disparition de
Dominique. Et je n'aurais certainement pas eu l'esprit de fête samedi.
Venir faire le beau, c'est déjà suffisamment difficile comme ça - certes
tout dépend du point de départ - et je me contenterai alors du silence
et du spectacle imaginé par les spectateurs qui m'avaient dit vouloir
venir : il sera sans doute meilleur que celui que j'aurais été capable
de donner. Bref : permettez que le "Malgré tout" auquel
j'ai longtemps tenu comme une des seules possibilités théoriques de
faire (et de combattre la catastrophe ambiante) s'efface un instant.
Dominique avait 46 ans. Il est parti dans la fumée de ses clopes et son
travail d'ouvrier à air libre.