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08 mai 2005
Qu'est-ce que le poeting ?
Ce serait une sorte de Pop-art désespéré d'un temps où le banquier a
remplacé le mage, le marchand le curé, le publicitaire l'artiste (mais
les substitutions sont plus nombreuses encore : le journaliste le
philosophe, le médecin le confesseur, le comédien le politique, la
parcelle de consommateur l'individu ; et plus microscopique parfois : la
variété a remplacé la chanson; et parfois alternativement bénéfique :
voir la place du scientifique; l'inventaire à dresser de ces glissements
et substitutions serait d'ailleurs éminemment souhaitable - et fera
peut-être l'objet, une fois le comité de réflexion mis en place, d'une
communication ultérieure) - Quant au Poeting lui-même, il n'est que la
forme (parodique, mais parodie d'une parodie, donc redressée) du
Marketing.
Les différentes formes d'actions du Poeting - en vue du
rétablissement (terme à n'envisager que sous son angle gymnaste) des
formes archaïques parodiées par l'actualité seraient alors :
-
Détournement systématique des affichages publicitaires urbains (rues,
métro etc) par autocollants, pochoirs ou graffitis élaborés - pour
plasticiens, photographes, individualistes divers (voir PPH)
-
Détournement systématique des gingles, slogans et spots publicitaires,
génériques "d'informations" TV, etc - pour musiciens, littéraires divers
(voir Freebids, Fisherprice Jim, HappyChristmas et Loztintown, muses à
ouïr- et plus si affinités)
- Création de chansons à l?emporte-pièce
selon le principe économique de la répétition et du sentiment
préfabriqué (modèle Printemps-Hiver du « On est jeunes on est beaux mais
elle ne m?aime plus »)
- Créations de comités de vigilance sur les
substitutions journalistiques opérées sur le langage (dangerosité pour
risque, balkanisations diverses, anglicismes des classes dominantes etc)
- Création de films (et scénarios improbables) les plus pauvres
possibles (ce qui n'est pas difficile) sur les modèles rigoureux des
scénarios-catastrophes-happy-end en one-line-shot à l'américaine (Comité
Why not ?)
- Créations de comités individualistes (mais le terme n'est
pas défini) sur les combats locaux et la géographie institutionnelle
localement polluante (pourquoi pas une cellule montpelliéraine ?
lilloise ? brestoise ? new-yorkaise ? moscovite ? tokyoïte ?
satellitaire ? arborescence d'internautilus ?).
- Actions commandos dans
les cinémas (distribution de sifflets à roulette pendant les pubs,
pancartes réclamant des courts-métrages ou un retour aux attractions :
prestidigitateurs et dresseurs d'otaries).
- Enquêtes sur les cahiers
des charges des divers décideurs d'expressions.
- Et autres
Manifestations de rue pour rien (slogans improvisés, La poésie n'est pas
une marchandise (ce dont personne ne doute puisque ça ne se vend pas),
La beauté c'est dégueulasse etc) - (A l'occasion, créations d'émissions
de radio sur ces manifestations).
- Création de vidéos non marchandes
sur les espaces videos publicitaires urbains (cf. Command N de Tokyo) :
DJ video des caméras de télésurveillance (par exemple)
- Affiliations
aux pataphysiciens désoccultés et à la confédération paysanne urbaine.
-
Et si rien n'en sort, élaboration d'un livret d'opéra faisant l'éloge de
la paresse.
On me dira que le poeting est la suite virtuelle du
néogrotesque. Oui et non. Car le Poeting est à faire (le néogrotesque à
subir). Et c'est donc un indéfini. Comme dit l'autre "(...) là où ne
s'est pas encore produite une canalisation en éléments nerveux, encore
moins une concentration des éléments nerveux en un système, il y a
quelque chose d'où sortiront, par voie de dédoublement, et le réflexe et
le volontaire, quelque chose qui n'a ni la précision mécanique du
premier ni les hésitations intelligentes du second, mais qui,
participant à une dose infinitésimale de l'un et de l'autre, est une
réaction simplement indécise et par conséquent déjà vaguement
consciente." Voilà : tout est dit, et tout le reste est le charabia de
gens qui ne savent pas boire.
Saluons donc les dieux et que bénies
soient les oreilles qui écouteraient cet email au passage?