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06 mars 2005
Une première histoire
Imaginez que vous soyez en Mandchourie, au col Khabalinski, non loin de
Lichiapaotzu. Nous sommes le 23 mai 1904 et, depuis trois mois, une
guerre oppose la Russie et le Japon. Parti en reconnaissance, le
capitaine Alexandre Zinoviev, 24 ans, fils du gouverneur de la ville de
Saint-Pétersbourg et page du tsar Nicolas II, ne reviendra pas : il
meurt d’une balle tirée par un jeune officier japonais. L'extraodinaire,
c'est que cet épisode tristement banal de la guerre russo-japonaise
(1904-1905) a une suite – suite qui soulage un peu, alors que les
relations entre les deux pays tournent à vide. Par une espèce de miracle
– au vu des circonstances politiques de l’époque –, les Zinoviev et la
famille de Satarô Minamitani, l’officier japonais, vont entretenir une
relation épistolaire ponctuée d’échanges de cadeaux qui durera jusqu’à
la révolution de 1917.
Les choses auraient pu en rester là, mais c’était compter sans la fidélité de Satarô, qui fera dire chaque année jusqu’à sa mort, en 1958, une messe à la mémoire d’Alexandre à l’église orthodoxe Saint-Nicolas de Tôkyô. Dans les années 1950, les Zinoviev l’apprennent et le contact est renoué ; c’est ainsi que les deux familles, en ce mois de février, ont pu fêter à Osaka cent ans d’une étrange et émouvante relation dont ni la révolution d’Octobre, ni la Seconde Guerre mondiale, ni la guerre froide n’ont eu raison...(tiré de Courrier international, pour s'essayer à poster)
07 mai 2005
Et de trois...
Dites-le avec une fève !
Trop timide pour dire “Je t’aime”
? Le Japonais peut désormais le dire en langage fleuri. Littéralement.
Grâce à une fève de haricot qui révèle un message d'amour spécialement
gravé quand elle éclôt. Takara, le deuxième fabricant de jouets japonais,
va lancer ce cadeau le 10 février, à quelques jours de la Saint-Valentin,
sous la forme d'une cannette contenant un peu d'eau, du terreau et une
graine qui dévoile en s'ouvrant un message au bout de cinq jours. Il y a
six messages différents, gravés au laser sur la fève, parmi lesquels "Je
t'aime” et "Bonne chance !” Ce gadget est commercialisé sous le nom de Ma
Mail – un jeu de mots sur mame, "fève” en japonais.
30 août 2005
Le site est ouvert...
Bon, loin des fausses polémiques, le site de l'Homme ordinaire, des
chansons de François Loz(e)t, ouvre aujourd'hui, disons, est opérationnel
aujourd'hui. Quelques liens encore à compiler pour un faire une plateforme
ouverte, et le tour sera joué. Le podblog, pour l'instant cantonné à
diffuser et à publier des archives sera bientôt la plateforme de mise en
oeuvre d'une fiction sonore au départ destinée à la radio. On va tout
tester, postez-nous vos commentaires.
Catégorie: chansons (en général), humeurs, japon, l'Homme Ordinaire, nouvelles, poeting, Videos
20 septembre 2005
Dazaï Osamu, l'air libre...
C'est ainsi, je n'avais jamais fait attention à la multiplicité de sens
de l'expression... "l'air libre"... tout à l'heure, en sortant du métro,
retour à l'air libre... Avais-je vraiment l'air... etc... Ou n'avais-je
que ça... l'air libre... J'ai pensé un temps à la possibilité d'une
chanson... découragé à l'avance... J'ai préféré prendre un café (au
comptoir)... Penser que si toutes les courses du monde ne mettaient
jamais aux prises que deux concurrents, le premier ne serait jamais plus
qu'avant-dernier (ce qui n'est pas très glorieux) et qu'on en finirait
alors avec l'esprit de compétition... Babils, babioles habituels... Mais
tout commence par le langage, chez les animaux du symbole que nous
sommes - et je ne comprends pas pourquoi les partis politiques un peu
responsables ne mettent pas en place des cellules de réflexion sur le
vocabulaire : celui, utilisé à dessein, des compétitions sportives
s'adaptant aux combats politiques - Untel s'est qualifié pour le second
tour, n'atteindra pas la finale etc - qui évacue les idées ; ou celui,
généralisé, de certains journalistes, empruntant au marchand ou chef
d'entreprise son jargon à emballer les gogos... Un catalogue des clichés
débilitant la pensée... Je ne m'y lancerai pas non plus : alors quoi ?
S'il faut se remettre à écrire, mettre en exergue la phrase - superbe -
de
Dazai Osamu dans les "Cent vues du mont Fuji" : faire le choix de la
simplicité - et donc de la brieveté limpide - et retranscrire ses
impressions telles qu'elles - sans trop vouloir les dire...
25 octobre 2005
Revoir Nikko et...
Revoir Nikko et revoir Nikko, point. Pas plus. Il y eut, il y a plus de
dix ans, une promenade à la nuit tombante dans les forêts qui entourent
le sanctuaire de cette ville au nord de Tokyo. Des statues de Boudda
rongées de mousse, de champignons, des statues érodées par le temps au
point de redevenir pour beaucoup amorphes, pierres rondes de ruisseau,
galets surmontés, apparaissant à chaque détour de sentier, derrière les
arbres, le long d'une rivière de montagne, reprises par la nature et le
bois qui les abritait. Pas de verbe. Une immobilité. Le bleu du soir,
presque électrique d'être bleu, finissait de nous plonger dans l'ombre :
il faudrait bientôt faire demi-tour. Certaines de ces statues (et
souvenirs de statues) avaient été habillées selon les rites de
bandelettes de couleur, rouge, rouge fushia, détrempées, jaune passé,
blanc sali d'autrefois blanc. J'ai regretté de devoir partir si vite. La
nuit, la nuit. Cet instant - retrouvé au hasard du web, dans un jeu de
photos.
Le Japon en ce moment n'a en moi jamais été aussi proche de cette image
mentale. J'aimerais que le travail que j'entreprends ces jours-ci pour
Wasa, ce disque pour lequel je contacte les musiciens, j'écris quelques
arrangements, soit un jour découvert de cette façon là : comme une
statue ouvragée perdue au fond d'un bois, où la nature et la culture
sont si intimement mélées qu'il en est impossible d'en séparer les parts
de beauté.
14 novembre 2005
Rêver sous l'orme
Ou le rêve de dessous de l'arbre : "Yume no ki no shita de"... Une chanson
estivale... Rendez-vous sous l'orme... Et la raison du peu de blog de la
semaine passée : les pré-enregistrements du disque de Wasaburo Fukuda ont
commencé. Il fallait que tout soit fini pour ce soir : c'est fait. Une
petite mise à plat, pour la seule chanson chantée en japonais des quatre
titres déjà enregistrés. Pré-écoute, avant les séances d'enregistrement de
début décembre...
27 décembre 2005
Wasaburo... Charles Cros ?
Je me suis donc absenté quelques temps de l'écriture, investi par le
disque de Wasa. A trier les prises avant mixage, à faire les montages,
les ajouts de son, à opérer quelques mutations électroniques nécessaires
(ou non, en tout cas, essayer me rassure), je pouvais m'attendre au bout
de quasi un mois à une saturation, à une envie d'écouter autre chose -
sauf qu'il m'arrive encore d'être pris par le jeu des musiciens, et par
l'interprétation de Wasa. Je sais qu'il faut que je serve au mieux ce
qui s'est passé là-bas. Et en quelque sorte, c'est à mon tour de jouer,
et d'avoir le trac : car il y aura dans ce disque, quoi que j'aie pu
penser du répertoire imposé, des versions de référence, où l'on
redécouvre le texte, où on le ré-entend reprendre du sens - Maladie
d'amour notamment, chantée en direct, et immédiatement ressentie par
tous dans le studio comme un petit bijou. Ce fut au point que je testai,
sur l'instant, comme ces témoins ordinaires pris à l'intérieur d'un
évènement qui les dépasse, la caméra embarquée sur mon téléphone
portable :
Deux
vignettes, qui ne permettent peut-être pas de se rendre compte que la
chanson revisitée a pris avec Wasa une dimension qui n'existait pas même
dans la version originale, un pathétique, une élégance... Seul le regard
du lointain... Enfin... Si je me laissais aller à rêver, je présenterais
bien ce disque à l'Académie Charles Cros... Cela irait bien à Wasaburo...
Edité le: 31 décembre 2006 9:35
Catégorie: chansons (en général), japon, Videos
21 juin 2006
Mise à jour des widgets T.L.B
Pour les abonnés aux flux RSS : suivant l'évolution du site, les widgets TLB ont été mis à jour : vous les trouverez ici, l'actualité du site et ses kaleïdophones se poursuivant...
Catégorie: chansons (en général), chez Camille, humeurs, japon, Kaleïdophonies, l'Homme Ordinaire, les Animots, nouvelles, poeting, Videos
17 décembre 2006
Wasa, William, ici ou là
Un petit mot pour annoncer la mise en ligne de quelques pages web de
copains : le site français, sommaire, de Wasaburo
Fukuda (auquel je rajouterai sans aucun doute quelques pages de
présentation) mais qui a pour l'heure l'unique fonction de faire
connaître son disque (j'en avais déjà parlé ici
ou là).
Et celui, encore en construction, de William Lecomte, autour du projet
que nous avons enregistré cet été. Un site que vous trouverez d'abord ici,
puis là,
ce qui reviendra toujours au même. Demain, reprise de nos vocabulites.
Et d'ici fin decembre, trois ou quatre publications sonores de
kaleïdophones, comme François se l'est promis.
28 juillet 2007
Graffitis du temps
Est-ce qu'il y a une pensée de l'air du temps ? C'est une question que
j'ai toujours aimé me poser.Je sais bien qu'il n'y a pas à la poser
comme ça. Il faudrait y aller avec des outils de sociologue, de
statisticien : imaginer des équations psychohistoriques, à la façon
d'Asimov, pourquoi pas. Ou s'instituer brusquement théologien.Mais
enfin, à écrire des chansons vous finissez toujours pas vous poser cette
question. Une pensée de l'air du temps ? (Entendons-nous : "de" l'air du
temps, non pas "dans", plus simple à produire, et à décrire) Certaines
chansons ont eu la grâce éphémère de s'en approcher. Neuves, nues comme
une évidence. Comme si elles avaient toujours existé.
Il
m'apparaît parfois que "cette imagination du présent" passe désormais
par d'autres formes d'expressions. La bande-dessinée. La danse, le sens
du geste. La video. Certains bricolages technologiques aussi. Regardez
plutôt :
Il
s’agit de créer des mouvements rapides avec un objet lumineux. De les
prendre en photos en laissant un long temps d’exposition. Puis de les
monter en animation. Et à défaut de "pensée de l'air du temps", nous en
avons les graffitis naifs, réalisés ici par les japonais Pikapika
et leur "lightning doodle project", dont le site de Libé
se faisait l'echo hier.
31 août 2008
Japon et autres rêves
Bien, une nouvelle entrée pour une rentrée nouvelle. Si tout se fait
dans l'imaginaire les douleurs dont on s'habille finissent par l'être
aussi. Elles qui avaient un poids si réel, les voilà aussi illusoires
que l'étoffe dont nous sommes faits. Et à rebours, les projets que l'on
forme finissent par prendre corps, à un moment ou à un autre : words,
words, words... Tout est là. Alors, une dernière rafale de nouvelles
pour ce blog qui va prendre fin - du moins sous sa forme actuelle : un
nouveau site prendra sa place, plus "nouvelles techno", plus interactif,
plus "Web 2.0", beaucoup plus axé autour de la création de kaleïdophones
("participatifs" bien sûr). L'occasion de commencer à pratiquer cette
création collective lancée à l'aveuglette il y a deux ans. Au fait :
deux au moins de ces kaleïdophones vont être créés à Kyoto le 9
septembre prochain, en vrai, avec de vrais musiciens pas virtuels du
tout : l'occasion pour moi si une connexion se présente d'un reportage
quotidien, de là-bas, de si loin, et de chercher pourquoi pas à
présenter le concert de Wasa
(où je fais une apparition) en video ici même, sinon en temps réel, pas
le temps, mais au plus proche du rêve d'ubiquité que nous offre
l'Internet.
Pour
revenir au site, à part les billets théoriques sur la
rime, les canteurs et les kaleïdophones, vous pourrez certes trouver
le développement d'une théorie nouvelle, dite des "micro-chansons", mais
à proprement dire vous ne trouverez plus ici qu'une tentative de recueil
de textes et de voix selon les règles kaleïdophoniques les plus
strictes. Une sorte d'Ouchanpo (d'Ouvroir de Chansons Potentielles) si
vous préférez... Par coquetterie seules subsistera du blog actuel la
section "Animots"
(compilés en un volume, une verberisterie) tandis que le Podcast
sera consacré à la réalisation de la dramatique radiophonique "La
Luciole" (dont trouverez le texte ici).
Peu de billets d'humeurs, sinon que nous ferons une place à
l'élaboration du scénario du Tome 2 de Sports Urbains (vous avez un
extrait, trop court, du tome 1 par là)
que nous nous apprêtons à mettre en route avec Christian Passera. Et
pour le reste, que sera sera...
Edité le: 07 septembre 2008 8:27
Catégorie: chez Camille, humeurs, japon, Kaleïdophonies, les Animots, nouvelles, Videos
05 septembre 2008
Choses vues 2
Je m'étais promis une absence de mots. Mais ces photos exigent une
explication : nous sommes dans un sanctuaire, au nord de Kyoto. Rendu
célèbre parce que son clan s'y est donné la mort. Rien d'apaisant. Mais
il y a ces deux fenêtres, ouvertes côte à côte sur le jardin. L'une,
celle de l'Hésitation, rectangulaire, auguleuse. L'autre, celle de
l'Illumination. Ronde comme un oeil de boeuf. Le jardin sur lequel ça
s'ouvre est petit, clos, mais sans délimitation véritable avec les
forêts de la montagne qui s'y trouvent derrière. Les japonais appellent
ce genre de jardins "des paysages empruntés". Il suffit de s'asseoir
devant l'une ou l'autre des fenêtres pour connaître
subtilement par la contemplation son humeur : préférer les Hésitations à
l'Illumination... Quelle est la vôtre ?
(Bien
sûr, vous pouvez toujours cliquer pour grandir...)
06 septembre 2008
07 septembre 2008
Choses vues 4
(Bien sûr, vous pouvez toujours cliquer pour
grandir...)
Et vous êtes-vous plutôt jardin de pierres, ou
jardin de mousse ?