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25 octobre 2005
Revoir Nikko et...
Revoir Nikko et revoir Nikko, point. Pas plus. Il y eut, il y a plus de
dix ans, une promenade à la nuit tombante dans les forêts qui entourent
le sanctuaire de cette ville au nord de Tokyo. Des statues de Boudda
rongées de mousse, de champignons, des statues érodées par le temps au
point de redevenir pour beaucoup amorphes, pierres rondes de ruisseau,
galets surmontés, apparaissant à chaque détour de sentier, derrière les
arbres, le long d'une rivière de montagne, reprises par la nature et le
bois qui les abritait. Pas de verbe. Une immobilité. Le bleu du soir,
presque électrique d'être bleu, finissait de nous plonger dans l'ombre :
il faudrait bientôt faire demi-tour. Certaines de ces statues (et
souvenirs de statues) avaient été habillées selon les rites de
bandelettes de couleur, rouge, rouge fushia, détrempées, jaune passé,
blanc sali d'autrefois blanc. J'ai regretté de devoir partir si vite. La
nuit, la nuit. Cet instant - retrouvé au hasard du web, dans un jeu de
photos.
Le Japon en ce moment n'a en moi jamais été aussi proche de cette image
mentale. J'aimerais que le travail que j'entreprends ces jours-ci pour
Wasa, ce disque pour lequel je contacte les musiciens, j'écris quelques
arrangements, soit un jour découvert de cette façon là : comme une
statue ouvragée perdue au fond d'un bois, où la nature et la culture
sont si intimement mélées qu'il en est impossible d'en séparer les parts
de beauté.