« janvier 2007 | Page principale | novembre 2006 »

10 décembre 2006

Les abyssales

C'est un texte dont l'idée m'est venue en lisant un poème d'Emily Dickinson... Quiet dust were Gentlemen and Ladies... J'en ai fait mes abyssales, de ces poussières... Pour tenter d'expliquer la disparition avec des images d'enfant... L'air du kaleïdophone (Qui sait ? ou Qui c'est ?) est d'un placement encore un peu fragile quand je le chante (mais en jouant cela finira bien par venir, qui sait ?)

Ces paisibles poussières
Poissons d’or dans le bocal d’un rai de lumière
Ce furent un roi et son palais

Un amoureux son amoureuse
Une amoureuse son amoureux
Qui sait ?

Ces paisibles poussières
Etoiles tournoyantes au souffle d’un battement de paupière
Ce furent un pape avec son âne
Qui sait ?

Colliers éparpillés
de l’instant qui s’en va
Constellations indécises du moment qui vient

Grains de beauté de l’été
Sous la vitre du salon
Vif-argent ou neiges grises

Qui sait ?

Ces paisibles poussières
Sable soulevé sous la vague ou le vent du désert
Ce furent une ville et ses jardins
Qui sait ?

Ces paisibles poussières
A la fois nonnes de cendre et danseuses légères
Ce fut qui fut et ce qui sera
L'empereur et le mendiant
Qui sait ?

Un amoureux son amoureuse
Une amoureuse son amoureux




Posté par François à 17:03
Edité le: 18 décembre 2006 10:26
Catégorie: Kaleïdophonies

17 décembre 2006

Wasa, William, ici ou là

Un petit mot pour annoncer la mise en ligne de quelques pages web de copains : le site français, sommaire, de Wasaburo Fukuda (auquel je rajouterai sans aucun doute quelques pages de présentation) mais qui a pour l'heure l'unique fonction de faire connaître son disque (j'en avais déjà parlé ici ou ). Et celui, encore en construction, de William Lecomte, autour du projet que nous avons enregistré cet été. Un site que vous trouverez d'abord ici, puis , ce qui reviendra toujours au même. Demain, reprise de nos vocabulites. Et d'ici fin decembre, trois ou quatre publications sonores de kaleïdophones, comme François se l'est promis.

Posté par Estenon à 22:01
Catégorie: chansons (en général), humeurs, japon

19 décembre 2006

1337 ? la belle parlure !

(Nota : ces articles seraient plutôt à lire dans leur chronologie - en cliquant ici).
Alors bien sûr il y a nos animots, et ces recherches auxquelles je trouve presque chaque jour des prédecesseurs et des cousins. Il faudrait que je me lance à en faire un dictionnaire, à l'instar d'Alain Créhange qui a sorti un deuxième tome de mots-valises (aux editions 1001 nuits) le printemps dernier : "L'anarchiviste et le Biblioteckel"... Vous y trouverez "Farçonner" (fabriquer un objet en vue d'une plaisanterie), ou "Radioter" (répéter les mêmes bêtises devant un micro) et pleins d'autres - comme sur son site - que je vous conseille. Mais un dictionnaire de notre parlure... je flemme d'avance. Je réserve ça pour de trop grands dimanches.

En revanche, là je sèche. Je ne connaissais pas : l'elite speak (1337 5p34k) est un code en vogue depuis les années 1980. Il consiste à remplacer les lettres par des caractères ou des groupes de caractères qui leur ressemblent visuellement. Par exemple, S peut être remplacé par 5. V par \/. T par + ou 7 ou même -|-... etc. Comme de plus, l'orthographe est souvent simplifiée, voire phonétique, dans un esprit voisin des "textos" d'aujourd'hui, on arrive à différents niveaux de codage plus ou moins difficiles à décrypter pour le non initié - ce qui est le but recherché. Au résultat, on peut trouver ce fameux poème de Nerval ainsi graphillé :

31 |)35o|!c|-|4o|0


_|3 5u! |_3 73|\|3bR&(_)><, - 13 \/Eu|=, - 1'!//(0//5013,
|_3 |*|2i/\/c3 o|'/\|<i+4i//3 4 |_a +0|_||2 48o1! :
|\/|@ 53U|_ e-|-0!|_e 357 /\/\0r+3, - & ^^0// 1(_)+|-| [0//5+31e
|"()Rt3 13 $013!1 |\|O|r o|e 14 /\/\e|_@//(01!.

|)4// 14 |\|u!7 |)(_) +0|\/|b0, 701 9u1 //.'4 C0//50|_3,
|2e|\|D-//.0! 13 |°o5!|_!P3 & 1a /\/\3|2 o|'!7A1!,
|_4 |=|_3(_)|2 (,)u! P1a!$4! +4// @ //.0// (03|_||2 |)E5o|_3,
3+ 1a -|-|23!113 0(_) l3 |*A//.p|2 A |_@ r02 5'@11!.

5|_|!$-_|3 @/\/\0u|2 o|_| p#e8u5 ?... 1u$!6//4// 0u 8!|20// ?
//.0// |=Ro//7 357 |2()U63 e//c0|2 o|(_) |>a|$3|2 o|3 |_4 r3!|\|3 ;
_|'/\! |2e\/3 o|4/\/$ 1@ 6r0++3 0|_| //463 |_@ $!|23//e...

& _|'@! 2 |=0! <4i/\/9u3|_|R -|-r4\/3R53 L'@(]-[e|2()// :
/\/\oo||_||_/\/\/ +0U|2 4 70|_|r $|_|R |_4 |_`/|2e |)'0|2|*|-|33
135 50|_|p!|25 o|3 |_4 $4!//+3 & 13$ (|2!5 o|E 14 |=33.

63|24|2 2 //3|2\/@|_

J'ai tiré cet exemple d'un site remarquable, "Les avatars de Gérard de Nerval" où derrière une interface austère vous pourrez trouver comme moi des heures de distraction autour de ce seul poème - que je vous laisse ici le soin de reconnaître...

Posté par Fernando Soares à 16:00
Edité le: 20 décembre 2006 9:53
Catégorie: humeurs, les Animots

20 décembre 2006

Des amis à foisons...

Ça y est, j'ai cédé, d'une certaine façon céder, s'aider, je suis sur Myspace. Je m'étais inscrit il y a quelques temps déjà, et le marigot publicitaire m'avait rebuté. Et puis, depuis hier, j'y suis. Disons que je m'y suis baladé. Il y a un côté foire aux vanités, une dimension suréelle aussi dans ces relations de relations, dans ce principe des amis de mes amis. Ça, c'est amusant. Je me souviens d'une étude sociologico-mathematique, qui indiquait, calculs à l'appui, que nous étions tous, quelque position occupée, à quatre niveaux de relations possibles aussi proches aussi bien du président des Etats-Unis que du dernier paria des Indes : mis en pratique sur Myspace, cela en concretise presque ce fantasme pris de la même façon dans ce recueil de nouvelles dont je vous ai déjà parlé, écrit il y a quatre ans - où des relations de bistrot se racontant des histoires finissaient par se baptiser du nom d'un écrivain célèbre. Je m'étais amusé à décrire Proust sur les genoux de Montaigne, et Kafka faisant la gueule à Homère, ou Diderot tombant amoureux... J'ai croisé des "profils" dont les amis étaient Boris Vian, Brassens, Sartre ou Gombrovitz... J'ai lancé des invitations à certains d'entre eux... Et au même moment, je me suis arrêté : je ne connais personne qui puisse se vanter d'avoir 1528 amis, ou même 300. J'en ai eu pour ma part, qui ne suis pas le moins sociable du monde (pas le plus non plus c'est vrai) toujours moins de cinq. Six parfois, quand le coeur m'était gros. Des amis, je veux dire, des vrais amis. Des témoins de vie. Et quand certaines de ces relations ont cédé, cette fois cédé, je ne peux pas dire qu'elles furent remplacées. Chagrin d'amitié comme d'amour tout comme. Ça, Myspace ne le montrera jamais.

Posté par François à 21:26
Edité le: 20 décembre 2006 22:02
Catégorie: humeurs

30 décembre 2006

F for Fake

Cela fait quelques temps déjà que je pense faire des chansons (pardon François, des kaleïdophones) comme un pommier fait des pommes, ni plus ni moins. Que ces pommes tombent au pied de l'arbre, ou qu'elles soient mises en cagettes au fond m'importe peu. Cela se double en moi d'une conviction lointaine, celle que l'on vit une époque de révolution (équivalente à celle vécue en fin de moyen-âge) des rapports de l'individuel et du collectif. Il fut un temps où l'artiste ne signait pas ses tableaux - puis un temps où par même économie il se mit à les signer. Peut-être vivons-nous selon le cycle inverse, et que la germination anonyme de cathédrales (diffuses ici, ou virtuelles, profanes pour la plupart) a pris le pas sur les notions classiques et romantiques d'auteur, de génie connu ou méconnu. On n'envoie pas des hommes sur la lune à soi seul, on n'invente pas un Internet à une tête.Tous les débats actuels concernant les droits d'auteur, les sites d'intelligence participatives du web 2, les crises de l'art et du cochon s'articulent dans cet espace mouvant où l'on ne sait plus exactement qui dit, ou qui fait, avec quoi on le dit, avec quoi l'on fait. La musique comme l'esprit de l'époque marche par samples, par échantillons, par recompositions, par collages, par faux-semblant aussi, reprises plus ou moins conscientes. Il y a presque quarante ans, Orson Welles, dans "F for fake", le dernier film qu'il a pu monter, et achever, prenait comme sujet de documentaire un faussaire virtuose (qui vous torchait un Modigliani, un Picasso ou un Matisse en une matinée, et qui les faisait acheter disait-il par les plus grands musées du monde) : il finissait par cette note toute à la fois mélancolique et ironique... de l'artiste à la fois charlatan et magicien, et par cet echo...



(Nota : j'ai appris depuis que les toiles de Elmyr de Hory (le faussaire du film) étaient maintenant très côtées, au point de se vendre aussi chères parfois que les originales...;-)

Posté par Fernando Soares à 22:46
Edité le: 21 octobre 2007 11:10
Catégorie: humeurs, Kaleïdophonies, Videos