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10 décembre 2006
Les abyssales
C'est un texte dont l'idée m'est venue en lisant un poème d'Emily Dickinson... Quiet dust were Gentlemen and Ladies... J'en ai fait mes abyssales, de ces poussières... Pour tenter d'expliquer la disparition avec des images d'enfant... L'air du kaleïdophone (Qui sait ? ou Qui c'est ?) est d'un placement encore un peu fragile quand je le chante (mais en jouant cela finira bien par venir, qui sait ?)
Ces paisibles poussières
Poissons d’or dans le bocal d’un rai
de lumière
Ce furent un roi et son palais
Un amoureux son
amoureuse
Une amoureuse son amoureux
Qui sait ?
Ces
paisibles poussières
Etoiles tournoyantes au souffle d’un
battement de paupière
Ce furent un pape avec son âne
Qui
sait ?
Colliers éparpillés
de l’instant qui s’en va
Constellations
indécises du moment qui vient
Grains de beauté de l’été
Sous
la vitre du salon
Vif-argent ou neiges grises
Qui sait ?
Ces
paisibles poussières
Sable soulevé sous la vague ou le vent du
désert
Ce furent une ville et ses jardins
Qui sait ?
Ces
paisibles poussières
A la fois nonnes de cendre et danseuses
légères
Ce fut qui fut et ce qui sera
L'empereur et le
mendiant
Qui sait ?
Un amoureux son amoureuse
Une amoureuse
son amoureux
17 décembre 2006
Wasa, William, ici ou là
Un petit mot pour annoncer la mise en ligne de quelques pages web de
copains : le site français, sommaire, de Wasaburo
Fukuda (auquel je rajouterai sans aucun doute quelques pages de
présentation) mais qui a pour l'heure l'unique fonction de faire
connaître son disque (j'en avais déjà parlé ici
ou là).
Et celui, encore en construction, de William Lecomte, autour du projet
que nous avons enregistré cet été. Un site que vous trouverez d'abord ici,
puis là,
ce qui reviendra toujours au même. Demain, reprise de nos vocabulites.
Et d'ici fin decembre, trois ou quatre publications sonores de
kaleïdophones, comme François se l'est promis.
19 décembre 2006
1337 ? la belle parlure !
(Nota : ces articles seraient plutôt à
lire dans leur chronologie - en cliquant ici).
Alors
bien sûr il y a nos animots, et ces recherches auxquelles je
trouve presque chaque jour des prédecesseurs et des cousins. Il faudrait
que je me lance à en faire un dictionnaire, à l'instar d'Alain Créhange
qui a sorti un deuxième tome de mots-valises (aux editions 1001 nuits)
le printemps dernier : "L'anarchiviste et le Biblioteckel"...
Vous y trouverez "Farçonner" (fabriquer un objet en vue d'une
plaisanterie), ou "Radioter" (répéter les mêmes bêtises devant un micro)
et pleins d'autres - comme sur son site
- que je vous conseille. Mais un dictionnaire de notre parlure... je
flemme d'avance. Je réserve ça pour de trop grands dimanches.
En
revanche, là je sèche. Je ne connaissais pas : l'elite speak
(1337 5p34k) est un code en vogue depuis les années 1980. Il consiste à
remplacer les lettres par des caractères ou des groupes de caractères
qui leur ressemblent visuellement. Par exemple, S peut être remplacé par
5. V par \/. T par + ou 7 ou même -|-... etc. Comme de plus,
l'orthographe est souvent simplifiée, voire phonétique, dans un esprit
voisin des "textos" d'aujourd'hui, on arrive à différents niveaux de
codage plus ou moins difficiles à décrypter pour le non initié - ce qui
est le but recherché. Au résultat, on peut trouver ce fameux poème de
Nerval ainsi graphillé :
31 |)35o|!c|-|4o|0
_|3
5u! |_3 73|\|3bR&(_)><, - 13 \/Eu|=, - 1'!//(0//5013,
|_3
|*|2i/\/c3 o|'/\|<i+4i//3 4 |_a +0|_||2 48o1! :
|\/|@ 53U|_
e-|-0!|_e 357 /\/\0r+3, - & ^^0// 1(_)+|-| [0//5+31e
|"()Rt3 13
$013!1 |\|O|r o|e 14 /\/\e|_@//(01!.
|)4// 14 |\|u!7 |)(_)
+0|\/|b0, 701 9u1 //.'4 C0//50|_3,
|2e|\|D-//.0! 13 |°o5!|_!P3 & 1a
/\/\3|2 o|'!7A1!,
|_4 |=|_3(_)|2 (,)u! P1a!$4! +4// @ //.0// (03|_||2
|)E5o|_3,
3+ 1a -|-|23!113 0(_) l3 |*A//.p|2 A |_@ r02 5'@11!.
5|_|!$-_|3
@/\/\0u|2 o|_| p#e8u5 ?... 1u$!6//4// 0u 8!|20// ?
//.0// |=Ro//7 357
|2()U63 e//c0|2 o|(_) |>a|$3|2 o|3 |_4 r3!|\|3 ;
_|'/\! |2e\/3
o|4/\/$ 1@ 6r0++3 0|_| //463 |_@ $!|23//e...
& _|'@! 2 |=0!
<4i/\/9u3|_|R -|-r4\/3R53 L'@(]-[e|2()// :
/\/\oo||_||_/\/\/ +0U|2
4 70|_|r $|_|R |_4 |_`/|2e |)'0|2|*|-|33
135 50|_|p!|25 o|3 |_4
$4!//+3 & 13$ (|2!5 o|E 14 |=33.
63|24|2 2 //3|2\/@|_
J'ai tiré cet exemple d'un site remarquable, "Les avatars de Gérard de Nerval" où derrière une interface austère vous pourrez trouver comme moi des heures de distraction autour de ce seul poème - que je vous laisse ici le soin de reconnaître...
20 décembre 2006
Des amis à foisons...
Ça y est, j'ai cédé, d'une certaine façon céder, s'aider, je suis sur Myspace. Je m'étais inscrit il y a quelques temps déjà, et le marigot publicitaire m'avait rebuté. Et puis, depuis hier, j'y suis. Disons que je m'y suis baladé. Il y a un côté foire aux vanités, une dimension suréelle aussi dans ces relations de relations, dans ce principe des amis de mes amis. Ça, c'est amusant. Je me souviens d'une étude sociologico-mathematique, qui indiquait, calculs à l'appui, que nous étions tous, quelque position occupée, à quatre niveaux de relations possibles aussi proches aussi bien du président des Etats-Unis que du dernier paria des Indes : mis en pratique sur Myspace, cela en concretise presque ce fantasme pris de la même façon dans ce recueil de nouvelles dont je vous ai déjà parlé, écrit il y a quatre ans - où des relations de bistrot se racontant des histoires finissaient par se baptiser du nom d'un écrivain célèbre. Je m'étais amusé à décrire Proust sur les genoux de Montaigne, et Kafka faisant la gueule à Homère, ou Diderot tombant amoureux... J'ai croisé des "profils" dont les amis étaient Boris Vian, Brassens, Sartre ou Gombrovitz... J'ai lancé des invitations à certains d'entre eux... Et au même moment, je me suis arrêté : je ne connais personne qui puisse se vanter d'avoir 1528 amis, ou même 300. J'en ai eu pour ma part, qui ne suis pas le moins sociable du monde (pas le plus non plus c'est vrai) toujours moins de cinq. Six parfois, quand le coeur m'était gros. Des amis, je veux dire, des vrais amis. Des témoins de vie. Et quand certaines de ces relations ont cédé, cette fois cédé, je ne peux pas dire qu'elles furent remplacées. Chagrin d'amitié comme d'amour tout comme. Ça, Myspace ne le montrera jamais.
30 décembre 2006
F for Fake
Cela fait quelques temps déjà que je pense faire des chansons (pardon
François, des kaleïdophones) comme un pommier fait des pommes, ni plus
ni moins. Que ces pommes tombent au pied de l'arbre, ou qu'elles soient
mises en cagettes au fond m'importe peu. Cela se double en moi d'une
conviction lointaine, celle que l'on vit une époque de révolution
(équivalente à celle vécue en fin de moyen-âge) des rapports de
l'individuel et du collectif. Il fut un temps où l'artiste ne signait
pas ses tableaux - puis un temps où par même économie il se mit à les
signer. Peut-être vivons-nous selon le cycle inverse, et que la
germination anonyme de cathédrales (diffuses ici, ou virtuelles,
profanes pour la plupart) a pris le pas sur les notions classiques et
romantiques d'auteur, de génie connu ou méconnu. On n'envoie pas des
hommes sur la lune à soi seul, on n'invente pas un Internet à une
tête.Tous les débats actuels concernant les droits d'auteur, les sites
d'intelligence participatives du web 2, les crises de l'art et du cochon
s'articulent dans cet espace mouvant où l'on ne sait plus exactement qui
dit, ou qui fait, avec quoi on le dit, avec quoi l'on fait. La musique
comme l'esprit de l'époque marche par samples, par échantillons, par
recompositions, par collages, par faux-semblant aussi, reprises plus ou
moins conscientes. Il y a presque quarante ans, Orson Welles, dans "F
for fake", le dernier film qu'il a pu monter, et achever, prenait
comme sujet de documentaire un faussaire virtuose (qui vous torchait un
Modigliani, un Picasso ou un Matisse en une matinée, et qui les faisait
acheter disait-il par les plus grands musées du monde) : il finissait
par cette note toute à la fois mélancolique et ironique... de l'artiste
à la fois charlatan et magicien, et par cet echo...
(Nota
: j'ai appris depuis que les toiles de Elmyr
de Hory (le faussaire du film) étaient maintenant très côtées,
au point de se vendre aussi chères parfois que les originales...;-)
Edité le: 21 octobre 2007 11:10
Catégorie: humeurs, Kaleïdophonies, Videos