« juin 2006 | Page principale | mars 2006 »

17 mai 2006

La reprise :

Le carnet de notes a été un peu délaissé ces deux derniers mois. Absence de temps, courses de fond quotidiennes, sprint des débuts et fins de journée - le sport méconnu de vivre, les suffocations ordinaires de la réflexion... J'ai tout juste eu l'occasion d'emmagasiner quelques dizaines d'animots supplémentaires, au hasard d'une pensée ou d'un trajet de metro, et je vous en ferai bientôt part. Mais j'ai surtout repris le travail d'écriture et de composition d'un nouveau répertoire - pour moi nouveau : et ce n'est plus de la chanson, archaique et par trop indépassable, c'est de la "kaleidophonie". Vous aurez donc l'echo de ces kaleidophones au fur et à mesure des brouillons sonores dans la section podcast de ce blog, et vous hériterez ici de leur évocation et justification théorique, ainsi que de leur partition "texte"... Vers libres, poesies du babil enfoui de la conscience, la répétition et ses variations libérant du système fermé des couplets-refrains... Pour vous donner des indices... Très poeting isn't it ? Comme cette fameuse image d'Escher, n'est-il pas ?

Posté par François à 12:27
Edité le: 24 octobre 2006 19:19
Catégorie: chansons (en général), humeurs, les Animots, poeting

28 mai 2006

Le paradoxe...

En attendant l'article promis sur la théorie des kaleidophones, et les premiers exemples, une pensée échappée du dimanche, alors que des flâneurs passent dans la rue et que la fenêtre ouverte me permet d'entendre des passages de conversations... (J'imagine que pour le lecteur échappé des méandres d'Internet cette lecture ressemble à ça... Une conversation surprise, et très vite passée...) Mais revenons à ce dimanche... Le paradoxe pour moi serait celui-là : j'ai toujours considéré la vie comme plus importante que n'importe quelle carrière - et toujours considéré aussi que l'existence était moins importante que le regard que l'on pouvait porter dessus... Mal barré alors, sinon à continuer d'écrire...

Posté par Fernando Soares à 18:24
Catégorie: humeurs

29 mai 2006

La kaleidophonie qu'est-ce que c'est ?

Je pars de loin. Je pars du constat qu'en chanson* au XXe siècle tout a été dit et fait. Que des monuments se sont élevés, avec raison. De Trenet à Gainsbourg, de Brassens à Nougaro, de Damia à Brel, de Ferré à Boris Vian, de Prévert aux Frères Jacques, de Bobby Lapointe à Brigitte Fontaine... On trouve tout, et surtout des chef-d'oeuvres, parmi ceux-là. Quelle place pourrait-on encore tenir sous leurs poids ? Se résoudre à parodier les plaisirs qu'ils nous ont donnés ? Refaire de la chanson ? La chanson est morte, parce qu'indépassable. Mais la chanson, c'est aussi - et bien souvent parmi eux - une forme, assez archaisante des plaisirs poétiques : systèmes métriques réguliers, cette paire de claque de la rime (comme la définissait déjà les surréalistes 80 années plus tôt), ce retour de sabot du système couplet-refrain. Bien entendu, ces maîtres-là en ont souvent tiré leur partie, et le retour et les répétitions des refrains n'allaient pas sans une variation de sens, sans une progression dramatique qui faisaient de leurs titres de véritables bijoux : mais à s'y remettre, à se replonger dans la forme, cela devient imiter - le pire étant que ceux qui s'y exercent ne s'en aperçoivent pas. La chanson est morte, donc. Vive la kaleidophonie et les kaleidophones...

kaleidophon

La kaleidophonie, ou le kaleidophone, est certes une forme particulière de chanson* - mais une autre forme de chanson. Elle existe, existe déjà, certes à l'état embryonnaire, au fond de chaque conscience. C'est le babil ressurgi, l'angoisse première qu'il faut rassurer par la répétition, le bégaiement de l'âme qui permet d'être soi. Ce sont ces refrains insensés sur quoi tout en nous se fonde, et qu'il s'agit maintenant de distinguer, de mettre en forme.
Au résultat, un kaleidophone se fonde sur une partition "texte", texte sans rimes, sans forcément de raison, un texte comme un motif, proche d'un monologue intérieur dont les obsessions suffisent à créer la structure (un texte donc, le plus "plat" possible, épuré, débarrassé du jeu de mot). Musicalement, de brèves structures mélodiques tournantes dans contextes harmoniques différents. Le tout haché dans un mixeur électronique. C'est une figure de plus de l'indécision, très en phase avec l'époque, comme les téléphones portables cherchent à éviter l'absence, le zapping des télécommandes, ou les split-screens qui au cinéma paraissent éviter le choix du montage.La chanson est morte je suis libre, je puis donc boire tout mon saoul...

* Entendons bien : quand je parle de chanson, ici, je ne parle pas du terme générique de chanson, de cette forme d'art profane à la fois populaire et savant qui a parcouru les siècles, principalement anonyme (de Clément Jannequin ou de John Dowland à Béranger, à Jean-Baptiste Clément et jusqu'aux chansons de 14-18), mais bien de cette forme annoblie de chanson - dès les années 1930, avec Trenet, puis dans l'explosion des années 40 et 50 - annoblie par la notion d'auteur (c'est à dire à une époque où l'industrie du disque, se developpant, en avait besoin - besoin qu'elle ne ressent plus tant depuis les années 70, nous dirons qu'elle s'est recentrée sur son "corps de métier", vendre), empruntant à la littérature sa mythologie hugolienne ou rimbaldienne, c'est selon...

Posté par François à 11:31
Edité le: 12 février 2007 21:01
Catégorie: chansons (en général), Kaleïdophonies, poeting